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Histoire de Draïa : Elfes et Nains

Ouvrage disponible dans la grande bibliothèque du Palais de Tarsengaard - Section "Epoque du Préfingelien"

Elfes et Nains (par Adrian)

Ce que je m'apprête à vous révéler ici est sans doute l'histoire la plus incroyable qu'il vous sera donné d'entendre. Et de plus, elle va vous apprendre l'origine de la plus ancienne querelle des Landes.


A une époque très lointaine, bien avant que Fingel ne crée l'Alliance, bien avant que les Landes ne prennent vie, dans les mines, vivaient des petits êtres cupides et hargneux, plus connus sous le nom de "nains".

Les nains, comme chacun le sait, ont une histoire liée aux elfes, et ce, depuis l'aube des temps. Plus particulièrement leurs croyances.


Mais l'événement qui est propre à la religion naine (les elfes se fichant de nos jours pas mal de l'origine de ces êtres abjects), est sans aucun doute dû à Hamal, que les elfes nomment Elau. Hamal était un Tavar impatient, très impatient. Il rêvait de voir le monde créé par le grand Ullitavar foulé par la vie.

C'est alors que, dans le plus grand secret, il créa sept êtres. Ces sept êtres devinrent des "Maîtres Nains", puis ils formèrent sept tribus, qui se dispersèrent et peuplèrent discrètement divers endroit du monde.

Hamal avait bien fait son oeuvre, car il avait transmis à ces êtres sa connaissance, et qu'il les avait fait robustes, de façon à résister au Tavar rebelle Kormel, qui, lui, s'était juré la destruction du monde.

Mais Hamal était insouciant, il n'avait pas prévu la réaction d'Ullitavar.

Ullitavar fut effectivement fortement contrarié lorsqu'il appris la création de ces êtres.

Mais la sentence prononcée à l'encontre de Hamal fut très originale : pour avoir caché ses pensées et ses créations, Ullitavar décida que les Nains devraient payer, et c'est ainsi qu'ils ne devraient pas se lier d'amitié avec d'autres races avant un long moment, et qu'ils devraient avoir une obsession pour la pierre, repoussant ainsi les autres peuples.


De ces sept tribus, chacune connut une histoire incroyable, pleine de joies, de peines, de surprises, de pierres et de bières.

Mais l'une d'elles mérite encore plus l'attention que les autres : c'était celle du Seigneur Indur.

Cette tribu avait élu domicile dans une chaîne de montagnes, que les nains avaient creusé et transformé en royaume souterrain, qu'ils nommèrent Airom. Un maître de la plume écrit à ce sujet : "Ce royaume dura des millénaires et fut l'un des plus gigantesques creusés par une tribu Naine. Des salles incommensurables aux dômes sonores et brillants de toutes les pierres précieuses existantes, des richesses innommables amassées pour le plaisir des yeux, des colonnes de toutes sortes de pierres, descendant toujours plus profondément sous les montagnes aux neiges éternelles, voilà ce qui constituait l'antique Airom."


Mais un nain n'est jamais satisfait, et ils continuèrent donc de creuser. Un tel labeur aurait épuisé plus d'un être, mais pas un nain. La tribu était devenue la plus peuplée et la plus riche de toutes les tribus, mais ne dit-on pas que le mieux est l'ennemi du bien ?

Les nains creusèrent trop loin, beaucoup trop loin, et ils libérèrent ainsi des fléaux oubliés, presque aussi anciens que la création du monde.

Inutile de préciser l'horreur qui se déroula en ces tristes temps : les nains furent massacrés, la tribu qui comptait des milliers d'être n'en possédait maintenant qu'à peine une centaine, qui fuirent des grottes, leur nombre s'amenuisant avec le temps. Puis une décision fut prise : il fallait renfermer ces créatures, et le seul moyen était de sceller à jamais le royaume. C'est ainsi que la trentaine de survivants fit écrouler les entrées et sorties de ce qui avait jadis fait leur fierté.

Mais, une fois de plus, il y eut un imprévu, qui, comme tous les imprévus, n'aurait pas pu être prévu, même par le destin lui-même. Mais cet imprévu-ci était terrifiant : un démon était parvenu à s'enfuir, extrêmement laid et féroce, cela va sans dire, être enfermé depuis la nuit des temps n'avait pas arrangé son humeur. Les témoignages sur la description de l'abomination se sont malheureusement perdus, mais une chose est sûre : il n'inspirait pas confiance, et c'est pour cela que les nains décidèrent de s'enfuir, pour tenter désespérément de semer le démon. Les nains étaient endurants, fort heureusement pour leur sort, le démon lui, avait quelques particularités physiques qui l'empêchait de se déplacer rapidement, mais assez pour suivre les nains, qui voyaient s'éloigner leurs montagnes, et qui s'enfonçaient dans l'épaisse forêt devant eux.


Ce qu'ils ignoraient, c'était qu'ils venaient de pénétrer dans un royaume peuplé d'étranges créatures : les "elfes".

Les elfes avaient été créés, selon leurs propres croyances, par Ullitavar, créateur de toutes choses. Ils vivaient dans la verdure la plus totale, admirant à chaque instant les merveilles de la nature. Ils avaient atteint une perfection absolue dans l'art du maniement de l'arc, et leurs sens étaient surdéveloppés. C'est ainsi que les elfes savaient qu'un démon avait pénétré dans leur territoire, et s'étaient préparés au combat. Les plus grand guerriers partirent, épées et arc en mains. Les nains étaient inépuisables, ils seraient probablement encore de courir aujourd'hui, si la créature n'avait pas reçu une rafale de flèche venant de la hauteur. Il s'en suivit une bataille acharnée, que les nains regardèrent, cachés derrière divers arbres. La bête se débattait, et les elfes volaient dans les airs, avant de retomber et de mourir. Alors, un nain, le descendant d'Indur, prit sa hache entre ses mains et déclara : "Si ces êtres se battent contre cette chose, alors notre peuple en est capable aussi !" Sur ce, il se rua sur le démon dans un cri atroce. Et ce cri stupéfia la créature qui marqua un temps d'arrêt, suffisant pour qu'une flèche l'atteigne et le tue (selon certaines rumeurs, la flèche aurait atteint le dernier des 24 yeux de la bête).


Après quelques méfiances entre les peuples, c'est avec un grand bonheur que nains et elfes devinrent amis, et que les elfes invitèrent les nains à vivre dans leur forêt. La punition du peuple nain semblait levée, enfin, ils avaient noué un lien d'amitié fort avec un peuple elfe. Les deux peuples vécurent ainsi de nombreuses années, mais si les nains réussirent à transmettre le sens de la fête aux elfes, ceux-ci ne parvinrent pas à expliquer le maniement de l'arc.


Mais les elfes, un jour, décidèrent que leur rôle sur terre était terminé, et ils devaient donc partir rejoindre les rivages blancs et purs du Nalivor, lieu situé à l'extrême ouest, lieu de la fin de la vie terrestre des elfes, selon leur religion. Les nains décidèrent de les accompagner dans ce long périple. Certains nains eurent bien sûr le mal de mer durant le trajet, mais le voyage ne connût aucun imprévu majeur, jusqu'à l'arrivée du navire dans les Landes Eternelles. Il a déjà été dit les millions de beautés des Landes, et l'effet que cela produisait sur les êtres. Les nains n'hésitèrent donc pas : ils décidèrent de rester dans ces terres riches et belles, sachant qu'ils n'avaient aucun avenir dans la destination des elfes. Le peuple elfe, lui, se sépara en deux : certains poursuivirent leur périple final, et d'autres préférèrent rester dans les Landes qui les avaient séduits en à peine un regard. Ils découvrirent alors la forêt centrale des Landes, et s'y installèrent. Les nains, eux, découvrirent les montagnes de Trad-Ûm, et y élirent domicile.


Les nains retrouvèrent leur obsession de la pierre, et les elfes leur solitude. Solitude atténuée par les visites que les deux peuples, restés amis, se rendaient.


Mais ce fut l'un de ces dîners qui mit le feu aux poudres.

Au cours d'un repas bien alcoolisé, Seigneurs nains et elfes discutaient, jovialement, en ces termes...
"Alors, seigneur vert, comment va votre peuple ?
- Merci bien, il est dans une forme exemplaire, et plus aucune de ces créatures monstrueuses n'ose se montrer.
- Et bien il faut dire que chez nous, c'est pareil ! Nos haches ont raison de ses horreurs. Il n'y a pas d'arme plus efficace !
- Si, nos arcs !
- Ha ha ha ! toujours aussi comique, vous voulez parler de vos bouts de bois avec votre corde ? Vous ne les faites pas en vert ? Ça irait à merveille avec vos habits traditionnels !
- Les vôtres son mieux ?
- Ils ne sont pas pires que vos horreurs ! Remarquez, elles sont bien assorties avec vous !"

Il semblerait que cette phrase ait déplu à l'elfe, qui, sans hésitation, d'un geste habile, coupa la longue barbe du nain, fierté de chaque petit être. Les nains partirent, furieux, et plus jamais nains et elfes ne se réconcilièrent.

C'est depuis se jour, et cet "épisode de la barbe coupée", que les deux peuples se vouent une haine interminable.